Les quotas avec les requisits raciaux, appliqués dans certaines universités et certains secteurs de la société, regardent la discrimination en face ; même s’ils ne sont pas appliqués de façon très étendue, ils prennent de l’expansion, notamment dans le Sud-Est du pays. Un programme de politiques publiques a vu le jour, qui donne aux Noirs davantage leur chance d’entrer dans la carrière diplomatique. Le programme de discrimination positive de l’Institut Rio Branco, créé en 2002, est le fruit d’un accord entre les Ministères de la Science et de la Technologie, de la Culture, de l’Education, du Travail, le Secrétariat National aux Droits de l’Homme et le Seppir - Secrétariat Spécial aux Politiques de Promotion de l’Egalité Raciale. Celui-ci, qui a rang de ministère, doit développer la discrimination positive en direction de la population noire. Outre une législation qui interdit les crimes raciaux et punit leurs auteurs.

Il faut aussi rappeler qu’il n’y a jamais eu autant de Noirs dans le premier cercle du gouvernement fédéral qu’aujourd’hui.

Le congrès est en train d‘examiner un plan d’égalité raciale qui donnerait un fort élan aux quotas. Cette forme de discrimination positive, et d’autres, coopéreront à une nouvelle “révolution bien plus grande que ce qu’attend la population”, affirme Ivair dos Santos, Secrétaire Exécutif du Conseil Fédéral de Lutte contre la Discrimination du Secrétariat National aux Droits de l’Homme, à la Présidence de la République.

Les quotas raciaux à l’université et dans les secteurs artistiques sont des formes de discrimination positive qui actuellement montent en force. Lázaro Ramos, premier acteur noir a être à l’écran dans le rôle principal, à une heure de grande écoute, dans une émission humoristique, résume sa position sur les quotas, où pour lui “il le faut, même si je serais beaucoup plus heureux si cela se faisait de façon naturelle. Ce serait mieux si on n’avait pas besoin des ces quotas, et si les artistes noirs étaient recrutés pour leurs qualités artistiques propres, mais ça n’est pas comme ça que ça se passe”. Pour Lázaro “quant à la question des quotas à l’université, mon opinion est la même. Actuellement, l’enseignement à l’école publique est très mauvais. L’insertion des Noirs à l’Université, par le biais de quotas, forcera à améliorer l’enseignement de base. Ceux qui se battent en ce sens, n’en cueilleront pas vraiment les fruits, mais leurs enfants eux, si, car l’Université connaîtra ce changement, comme l’enseignement primaire. Tant que nous ne serons pas parvenus à l’égalité sociale et raciale, nous ne pourrons pas dire que nous sommes un pays citoyen ”. Un des facteurs qui collaborent à la discrimination sociale au Brésil sont les structures éducatives.

Les avis sur les quotas raciaux ne manquent pas, surtout dans le monde éducatif. Dans une interview donnée à l’Institut Universia Brasil en avril 2003, le recteur de l’Université de Sao Paulo, Adolpho José Melfi, se dit contre les quotas dans les universités publiques. Il affirme que "tous ceux qui font des études dans les écoles publiques doivent avoir les mêmes chances. Cela n’avance à rien de protéger une race. Nous savons que le problème réside dans le niveau très bas de l’enseignement gratuit - et c’est pour cela que la présence de Noirs ou de métis à l’université est si infime, comme le montre le recensement...”.

Les quotas avec requisits raciaux seraient aussi très largement bénéfiques aux Noirs, car plus de 70% de la population pauvre au Brésil est noire, selon une enquête du DIEESE, en l’an 2000.

Une chose est sûre, une grande partie de la population brésilienne sait que nous vivons actuellement dans un pays de grande inégalité raciale et sociale, mais quand on aborde la question de la réparation de plus de 300 ans d’esclavage et de discrimination et la tentative d’inclusion sociale des Noirs, c’est tout de suite la polémique.

Comme disait l’un des plus grands représentants du mouvement noir américain, dans les années 50 et 60, Martin Luther King Jr., personne ne veut octroyer de droits aux justiciables, sans que ceux-ci aient à se battre pour que soit réparée cette injustice. Les gens veulent bien plus de droits acquis quels qu’ils soient, mais jamais céder en faveur des plus défavorisés, si cette aide implique de partager ces mêmes droits.

Dans la droite ligne de ce que l’on vient de dire, on peut dire qu’au Brésil, le Mouvement Noir a connu un nouvel élan à partir de ces avancées.

C’est par ces actions et par l’indignation du peuple noir devant sa condition sociale et économique actuelle au Brésil, que s’ouvre une nouvelle voie. Nous savons que cette voie, faite d’interrogations, de politiques publiques et d’études, contribue à la réflexion et aide au développement et au renforcement de la citoyenneté des populations discriminées pour raisons raciales.

Par Carla Caldeira, étudiante en journalisme

Source : site de la revue Caros Amigos - décembre 2004

Traduction Marie-Pierre Mazéas pour Autres Brésils

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