BRASILIA, 13 sept 2006 (AFP) - Le Brésil, l'Inde et l'Afrique du sud ont concrétisé leur alliance et réaffirmé leur rôle de porte-parole politique des pays en développement sur les grandes questions mondiales, lors d'un sommet mercredi à Brasilia.

Les présidents Luiz Inacio Lula da Silva (Brésil) et Thabo Mbeki (Afrique du sud) et le Premier ministre indien Manmohan Singh ont réclamé une réforme des organisations internationales (Onu et FMI) afin d'avoir davantage voix au chapitre et ont exhorté les pays riches à faire davantage de concessions dans les négociations commerciales internationales.

Les trois pays émergents ont par ailleurs décidé de développer leur coopération en matière énergétique, tant dans le domaine des biocarburants que du nucléaire.

"Nous sommes des sociétés pluralistes et démocratiques. Nous sommes les plus grandes démocraties chacune sur notre continent et ces valeurs nous unissent" a déclaré le chef du gouvernement indien.

Lors de ce premier sommet tripartite, cinq accords de coopération ont été signés dans les domaines de l'agriculture, de l'énergie, du transport maritime, du ferroviaire et de l'inclusion numérique.

Lors d'une rencontre d'hommes d'affaires des trois pays parallèle au sommet, six secteurs à fort potentiel d'échanges ont été identifiés: agroalimentaire, énergie, informatique, biotechnologie et recherche en développement.

L'énergie a été au coeur des rencontres. Le Brésil a offert sa coopération pour intégrer l'Afrique du sud et l'Inde dans toute la chaîne de l'éthanol, depuis la production de canne à sucre jusqu'à la transformation en carburant et à la fabrication de moteurs adaptés. La plupart des voitures fabriquées actuellement au Brésil sont équipées de moteurs flex fonctionnant aussi bien à l'essence qu'à l'alcool pur.

"Le Forum Inde, Brésil, Afrique du sud peut démontrer notre force dans le domaine des technologies de l'énergie", a souligné M. Singh, relevant que l'Inde disposait d'une avance en matière d'énergie éolienne et solaire, et l'Afrique du sud pour la gazéification du charbon.

Sur les questions multilatérales, les trois dirigeants ont jugé "urgente" une réforme de l'Onu afin que leurs pays deviennent membres permanents du Conseil de sécurité.

"Il est nécessaire que le Conseil reflète le poids croissant des pays en développement sur la scène internationale. Sa composition représente un monde qui n'existe plus", a estimé le président Lula, à la veille de l'Assembéale générale de l'Onu la semaine prochaine à New York.

Les dirigeants des trois pays, qui jouent un rôle moteur au sein du groupe des pays émergents du G20, ont "profondément regretté" la suspension du cycle de négociations de Doha de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Ils ont appelé "les pays (riches) qui ne l'ont pas encore fait à réduire substantiellement leurs dépenses en subventions agricoles" afin de relancer les négociations commerciales.

Ils ont également affirmé que "la légitimité du FMI dépend d'une réforme de fond" des quotes-parts en faveur des pays en développement.

La coopération nucléaire civile à des fins pacifiques a été intégrée dans les projets du nouvel axe Brasilia-Pretoria-New Delhi.

 

 

Lula, Mbeki et Singh "sont tombés d'accord pour explorer les possibilités de coopération à des fins pacifiques de l'énergie nucléaire, avec les restrictions appropriées de l'AIEA ((Agence internationale de l'énergie atomique)", selon la déclaration conjointe.

Les trois pays ont indiqué leur intention de porter le volume du commerce trilatéral de 8 à 10 milliards de dollars. Ils envisagent aussi la négociation d'un accord de libre échange entre l'Inde, le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Venezuela) et l'Union douanière d'Afrique australe (SACU - Botswana, Lesotho, Namibie, Afrique du Sud et Swaziland).

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