RIO DE JANEIRO, 22 oct 2006 (AFP) - A une semaine du second tour de l'élection présidentielle brésilienne, le président Luiz Inacio Lula da Silva apparaît comme le grand favori du scrutin avec des sondages indiquant qu'il a creusé un écart apparemment décisif sur son concurrent, le social-démocrate Geraldo Alckmin.

Le dernier sondage, publié à la veille du week-end par l'institut Ibope, donne à Lula 62% des intentions de vote en suffrages exprimés contre 38% à l'ancien gouverneur de l'Etat de Sao Paulo.

Deux autres sondages publiés au cours de la semaine par les instituts Datafolha et Vox Populi avaient déjà indiqué la même tendance, avec respectivement 60 et 61% des suffrages exprimés pour le président sortant.

Lula avait été mis en ballotage lors de premier tour le 1er octobre, avec 48,6% des suffrages exprimés, contre 41,6 à son adversaire du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB).

Ce qui a surpris tous les analystes est la rapidité avec laquelle Lula semble avoir retrouvé une bonne partie de l'électorat qui l'avait boudé au premier tour, en raison du scandale provoqué à quinze jours du premier tour par la tentative d'achat d'un dossier anti-opposition par son Parti des travailleurs (PT).

Après deux face-à-face télévisés contre Geraldo Alckmin, Lula semble devoir bénéficier d'un bon report des voix qui étaient allées au premier tour sur deux dissidents du PT : la sénatrice radicale Heloisa Helena (6,8% au premier tour) et l'ancien ministre de l'Education du premier gouvernement Lula, Cristovam Buarque (2,6%).

Selon l'institut Datafolha, Lula a regagné des électeurs dans pratiquement tous les segments de l'électorat, que ce soit par revenu, par niveau de scolarité, par âge ou par sexe. Si l'on en croit les sondages, Alckmin pourrait même se retrouver avec moins de voix au second tour qu'au premier.

Le président sortant a réussi à reprendre l'initiative politique dès le lendemain du premier tour en accusant son adversaire de vouloir privatiser les grandes entreprises publiques comme Petrobras (pétrole), Banco do Brasil, les Postes, et de mettre en péril l'emploi par une politique drastique de diminution des dépenses de l'Etat.

Ces accusations ont mis Alckmin sur la défensive et ont permis de retirer le scandale du "dossiergate" du centre du débat politique.

Le candidat Alckmin a été critiqué dans son propre camp pour s'être contenté de dénoncer ces accusations comme autant de "mensonges" et ne pas avoir défendu le bien fondé des privatisations effectuées du temps du président social-démocrate Fernando Henrique Cardoso (1995-2002).

L'un des artisans des privatisations effectuées sous la présidence de Fernando Henrique Cardoso, l'ex-ministre des Communications Mendonça de Barros a même reproché à Alckmin d'avoir "manqué de courage" face aux accusations de Lula et du PT.

Même si Alckmin a continué à attaquer sur le scandale du "dossiergate", le temps a joué pour l'instant en faveur de Lula. La police fédérale a rencontré des difficultés pour établir l'origine des quelque 800.000 dollars trouvés le 15 septembre en possession de deux proches du PT et destinés à acheter le dossier prétendument compromettant pour l'opposition dans un scandale d'ambulances surfacturées.

Le président de la Commission parlementaire d'enquête sur ce scandale, a bien reconnu que cet argent était "d'origine criminelle".

Mais on en sait pas beaucoup plus à une semaine du scrutin et l'effet électoral du scandale a eu tendance à perdre de l'impact sur la campagne.

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