RIO DE JANEIRO, 9 sept 2006 (AFP) - Une trentaine de pays émergents ou en développement ont appelé samedi à Rio à une reprise des négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en demandant aux pays riches d'ouvrir davantage leur marché aux produits agricoles.

 

Les 23 pays émergents du Groupe des Vingt (G20) et quatre représentants de pays en développement se sont dits "prêts à reprendre immédiatement les négociations et à oeuvrer en faveur de leur reprise rapide", dans une déclaration adoptée pendant une réunion de haut niveau de deux jours.

 

"Cette réunion offre une occasion unique de remettre le cycle de Doha sur les rails", a déclaré l'hôte de la réunion, le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim, qui a estimé que les pays en développement étaient "à l'avant-garde" du processus.

 

"Ce qui est en jeu c'est l'ordre international", a souligné le ministre aiu cours d'une conférence de presse. "Si nous n'obtenons pas des résultats qui préservent le système multilatéral dans le domaine du commerce, comment parviendrons-nous à préserver l'ordre international s'agissant de terrorisme, de prolifération nucléaire, de trafic de drogue, de contrebande ?", s'est-il interrogé.

 

Les négociateurs des Etats-Unis, de l'Union européenne et du Japon ont été conviés dimanche à étudier avec les pays en développement les perspectives de relance des négociations sur la libéralisation des échanges au sein de l'OMC, suspendues sine die fin juillet.

 

Les participants à la réunion de Rio ont aussi rencontré samedi en fin de journée le directeur général de l'OMC Pascal Lamy.

 

"Nous attendons une réponse du monde développé" aux appels en faveur d'une relance des pourparlers des pays en développement, a indiqué le ministre indien du Commerce Kamal Nath.

 

Les pays émergents ou en développement ont réaffirmé que "l'agriculture était au centre du cycle du Doha en faveur du développement", dénonçant "les subventions et restrictions d'accès au marché qui prévalent dans le commerce agricole international".

 

Les pays riches ont été exhortés à "améliorer de manière significative leurs propositions" agricoles "en matière de soutien intérieur et d'accès à leur marché" car leurs positions actuelles "n'offrent pas une base adéquate pour conclure avec succès les négociations".

 

Par ailleurs les pays présents à Rio ont rejeté tout recul des négociations. "La relance du cycle ne peut se faire au détriment des progrès déjà accomplis", a souligné le chef de la diplomatie brésilienne.

 

Le G20 et les représentants de pays moins avancés vont s'efforcer d'aplanir leurs divergences afin de pouvoir présenter un front uni du monde en développement.

 

Selon M. Amorim, une réunion du G20 élargie "semblable" à celle de Rio pourrait avoir lieu mi-octobre ou début novembre à Genève pour tenter d'harmoniser les positions. "Nous ne devons pas permettre que les divergences dans le commerce Sud-Sud soient utilisées pour affaiblir notre position", a-t-il dit.

 

Le G20 est à la pointe du combat pour obtenir la levée des barrières aux exportations agricoles vers les pays riches, mais ses positions ne sont pas exemptes de contradictions avec les intérêts des pays plus pauvres.

 

Les pays du groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) s'inquiètent ainsi de l'érosion des systèmes européens de préférence dans le cadre du cycle de Doha.

 

Reste qu'une reprise du cycle de Doha, commencé en 2001, n'est pas attendue avant les élections législatives américaines de novembre, alors que les Etats-Unis avaient été accusés par leurs partenaires d'être responsables du blocage.

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